Les résidents d’EHPAD pourront accueillir prochainement, à certaines conditions, leur animal de compagnie. Au sein des EHPAD, cette mesure intrigue.
Un chien qui court après un chat dans un couloir d’EHPAD. Cette scène de dessin animé pourrait bien arriver dans la réalité dans les prochaines semaines. Députés et sénateurs sont tombés d’accord cette semaine sur la proposition de loi sur le « bien-viellir ». Celle-ci contient notamment une mesure qui permettra prochainement aux résidents d’EHPAD d’accueillir leur animal de compagnie.
Une idée poussée par le gouvernement
Au cours des dernières semaines, plusieurs membres du gouvernement s’étaient montrés favorables à l’instauration de cette mesure. Dans un tweet publié le 1er mars, Catherine Vautrin, la Ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, a indiqué être « favorable […] à ouvrir la possibilité dans la loi d’accueillir les animaux de compagnie en EHPAD », qualifiant ce sujet d’ « enjeu de société ». De son côté Fadila Khattabi, Ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées, a dit soutenir une mesure qui serait selon elle une « très belle avancée ». Invitée sur France Bleu le mercredi 13 mars, la ministre a précisé que la présence d’un animal de compagnie « apporte du bien aux personnes. Nous allons faire en sorte d’encadrer les choses pour que ce soit supportable pour les personnels », en fixant pour objectif une mise en application « dès le printemps » 2024.
Une présence rassurante
Pour les personnes âgées, l’arrivée en EHPAD est souvent un moment délicat. Nouvel environnement de vie, nouvelles habitudes, l’adaptation est parfois difficile. Elle l’est d’autant plus lorsqu’elle se conjugue avec la séparation avec un animal de compagnie. Cette nouvelle mesure va donc permettre d’adoucir le quotidien de beaucoup de personnes âgées en EHPAD, mais aussi d’éviter que des animaux vivent le stress important d’être séparé de leur maître. Enfin, pour les personnes âgées, la présence d’un animal est un vecteur de socialisation, d’activité, et permet de ralentir le glissement vers la dépendance.
Dans les EHPAD, on tremble
Dans les établissements accueillant des personnes âgées, l’arrivée de cette nouvelle loi risque d’avoir des effets très concrets au quotidien. Si certains établissements accueillent déjà des animaux, la nouvelle loi indique que les directeurs d’établissements ne pourront désormais plus s’opposer à la présence d’animaux, « sauf situation exceptionnelle » a précisé Fadila Khattabi, « par exemple s’il est agressif ». Les résidents d’EHPAD devront donc laisser leur tigre ou leur crotale à la porte de l’établissement. Mais cela n’est pas nécessairement pour rassurer les personnels des EHPAD, qui se demandent pour beaucoup comment ils devront gérer cela au quotidien, eux qui sont en première ligne.
Hygiène, organisation et bien-être animal
Parmi les arguments avancés par les opposants à cette mesure, la question de l’hygiène revient fréquemment. Qui devra nettoyer les déjections canines ? Vider la litière du chat ? Changer l’eau de l’aquarium pour le poisson ? La question du bien-être animal est également au cœur des préoccupations. Comment réagiront un chien ou un chat habitués à l’extérieur quand ils se retrouveront enfermés dans une pièce ? Enfin, l’organisation au quotidien soulève des interrogations, pour des établissements où les tâches quotidiennes sont déjà nombreuses et où le personnel peut parfois travailler à flux tendu.
Donnez-nous votre avis !
Qu’on soit pour ou contre, cette mesure fait largement débat dans les EHPAD, que ce soit auprès des personnels, des résidents ou des proches des résidents. Et vous, qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à nourrir le débat en nous faisant part de votre point de vue et de vos arguments dans les commentaires en bas de cette page !
animaux en EHPAD avec présence permanente : une connerie avec risques infectieux pour les personnes âgées , le personnel, les animaux. Et bien sûr une petite augmentation du prix à la clef.
Bonjour,
Les animaux dans les EHPAD : Ce n’est pas nouveau !!! Dans certaines EHPADs en Ille et Vilaine les animaux sont acceptés sous certaines conditions : que les résidents puissent s’en occuper et avec un certificat vétérinaire ; si le résident est hospitalisé, la famille s’engage à prendre en charge l’animal. Certains résidents ne peuvent pas et ne veulent pas se séparer de leur compagnon.
Il existe des animations : médiation animale qui est très appréciée par les résidents.
le temps des soignants est déjà compté – l’hygiène ne sera pas assurée au fil du temps et retombera sur le personnel – permettre a tous les résidents de venir avec leur animal de compagnie n’est pas sérieux – il serait bien que nos politiques viennent se rendre compte sur place des difficultés que risquent d’engendrer cette obligation même s’il est vrai que se séparer de son animal n’est pas rejouissant – il y a quand même le principe de réalité et les budgets ne permettent pas de prendre en charge cette obligation
Bonjour
La compagnie des animaux en EHPAD est en effet source de bien-être et de réconfort. Cependant accueillir les animaux de compagnie des résidents pose question à savoir: que deviennent ces animaux au décès de leur maître? Les familles ont déjà du mal à récupérer les effets personnels de leur parent, quid de l’animal de compagnie?
Que les EHPAD aient quelques animaux sur le plan institutionnel, oui , mais accueillir les animaux de compagnie de chaque résident, c’est totalement différent.
En moyenne, sur les établissements que je dirige, nous enregistrons entre 25 et 30 entrées par an. Imaginons que chacune de ces entrées veuillent avoir leur animal de compagnie (voire leurs animaux de compagnie car bien souvent, il y en a plus d’un), comment s’organise-t-on?
Effectivement les animaux peuvent avoir un effet très positif sur les résidents. Il y a d’ailleurs de plus en plus d’établissement qui organisent des séances de médiations animales. En revanche, accepter les animaux des résidents sera très compliqué au vu de l’état de santé des personnes entrantes désormais. Le maintien à domicile engendre une entrée plus tardive dans les établissements et donc un état de santé plus fragile. Très peu de résidents seront capables de s’occuper de leurs animaux. Le personnel aura indirectement une charge de travail supplémentaire au niveau de l’hygiène, de la gestion des différents animaux présents qui ne s’entendront peut être pas…. de la gestion des consultations vétérinaires, de l’organisation de transfert dans la famille en cas d’hospitalisation d’urgence ect…..
Comment gérer les sorties avec des animaux tenus en laisse et des résidents qui naviguent dans l’établissement (risque de chute) ???
Il est déjà plus que nécessaire de réévaluer à la hausse le nombre d’agents par jour pour s’occuper des résidents dans les ehpads. Afin de ne pas dégrader davantage la prise en soins, il serait préférable de ne pas augmenter encore la charge de travail ou bien de donner des moyens financiers supplémentaires pour mener à bien le projet.
Les résidents sont de plus en plus dépendant, je vois mal comment le résident pourra s’occuper de son animal. Que fait-on du risque infectieux, nous devons nous conformer à des pratiques et recommandation du DAMRI. Que fait-on si le chien de la voisine ne s’entend pas avec le chat du voisin? Que fait-on si le chien aboie la nuit? Que fait-on si l’animal vieilli et qu’il devient incontinent? Nous n’aurons pas davantage de personnel pour gérer tout cela.
Les familles sont censées récupérer les meubles emmener par la résident lors de son décès, nous nous transformons en déménageur en devant aller à la déchèterie car ils ne récupèrent pas les meubles alors j’imagine s’il se passe la même chose avec les animaux !
N’y a-t-il pas d’autres sujets plus importants: pénurie de personnel, salaires de nos professionnels diplômés (ASD notamment qui n’ont que 89 € de plus en brut /SMIC), modèle de financement de nos EHPAD….Et qui va s’occuper des litières, du ramassage des crottes, des croquettes…et des personnes allergiques (résidents et professionnels) aux poils de ces chers animaux….nous avons des poules et c’est déjà compliqué de s’en occuper…..et pourtant, elles donnent de beaux oeufs!!
Le principe est bien, la réalité est tout autre. Au sein de notre EHPAD, nous n’avons jamais interdit les animaux, partant du principe que les résidents sont chez eux, mais n’avons pas de demande : effectivement, il faut que celui-ci reste dans la chambre du résident, que le résident s’en occupe (sorties, changement de litière, nourriture …), hors la dépendance de nos résidents est devenue très impoortante. Le ménage est effectué contractuellement une fois par semaine, nous avons déjà du mal à le faire plus souvent auprès de résidents qui en ont besoin, donc hors de question que mes collègues s’occupent des animaux ou du fait qu’ils laissent des poils ou autres partout, elles ont déjà suffisamment de travail !
Et il faut également penser aux éventuelles allergies/peurs du personnel susceptible d’entrer dans la chambre …
Directrice Adjointe d’EHPAD, possédant elle-même 5 chats, 2 chiens, et un chinchilla
Belle idée, mais complètement irréaliste !
Le personnel est souvent en nombre insuffisant pour s’occuper correctement des résidents qui réclament déjà une disponibilité qu’on ne peut leur accorder . Alors quand bien même je suis certaine que son animal est très précieux au yeux de son propriétaire, il suffit de fréquenter régulièrement un ehpad pour se rendre compte que les tâches liés aux animaux va en rebuter plus d’un . Les belles idées se heurtent a la réalité du quotidien . De grâce, fréquentez assidûment quelques ehpads pendant 6 mois avant de prendre ce genre de disposition . J’ai chien et chat chez moi depuis l’enfance et ma mère en ehpad depuis 7 ans .